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Les brèves critiques de la rentrée littéraire : Mary Beard, Ayana Mathis, Nylso, Anaïs Sautier et Gaëlle Duhazé…

Trois romans, trois bandes dessinées, deux essais d’histoire, un recueil de poésie, un beau livre, un livre jeunesse et un autre illustré… Voici les brèves critiques de douze ouvrages notables de la rentrée littéraire en cette trente-huitième semaine de l’année.
Ses œuvres sont empreintes d’un mysticisme aussi saisissant que protéiforme. Mais qui est donc Fernando Pessoa (1888-1935) ? L’écrivain portugais, dont le patronyme signifie « personne », a eu recours à tant de noms de plume – plus d’une soixantaine – que la question de son identité se pose légitimement. Pour tenter d’y répondre, ­Nicolas Barral (déjà auteur du très beau Sur un air de Fado, Dargaud, 2021) retrace la dernière année de sa vie en suivant le travail d’un journaliste chargé d’écrire sa nécrologie. Intelligent, sensible, l’ouvrage invite à la contemplation et à la redécouverte d’une immense figure de la littérature européenne. Al. Du.
« L’Intranquille Monsieur Pessoa », de Nicolas Barral, Dargaud, 136 p., 25 €, numérique 15 €.
Après SPQR (Perrin, 2016), son best-seller sur la République romaine, Mary Beard se plonge dans le quotidien des empereurs romains, d’Auguste (63 av. J.-C.-14 ap. J.-C.) à Alexandre Sévère (208-235), et en profite pour corriger les stéréotypes qu’ils n’ont cessé de susciter, en allant du plus trivial – où habitaient-ils ? que mangeaient-ils ? – au plus fondamental – comment imposaient-ils leur autorité sur l’immense territoire de l’Empire ? L’universitaire britannique utilise pour cela les témoignages des auteurs classiques (Juvénal, Pline le jeune, Suétone…), qu’elle confronte entre eux comme avec les résultats récents de fouilles archéologiques. Une ironie mordante accompagne son propos, surtout lorsqu’elle dresse de savoureux parallèles avec notre époque. Féroce, elle écrit : « Tout au long de l’histoire, l’autocratie (…) dépend toujours de personnes qui (…) l’acceptent, s’y adaptent ou y voient même un système dans lequel il est confortable de vivre. » Humour, érudition, ­virtuosité du style, tous les ingrédients sont ­réunis pour faire d’Imperator un triomphe. Jo. M.
« Imperator. Une histoire des empereurs de Rome » (Emperor of Rome. Ruling the Ancient Roman World), de Mary Beard, traduit de l’anglais par Souad Degachi et Maxime Shelledy, Seuil, 520 p., 33 €, numérique 19 €.
En découvrant le titre du recueil de David Christoffel, Poèmes de bureau, on pense d’abord au poète américain Frank O’Hara (1926-1966), conservateur de musée, qui écrivait ses Poèmes déjeuner (Joca Seria, 2010) à la pause de midi, en errant dans les rues de New York pour se vider la tête et la remplir de choses vues. David Christoffel, lui, n’a pas quitté l’entreprise pour écrire ses poèmes : elle est l’unique objet de son investigation. Dans ces textes tranchants, l’auteur décrypte des tensions qui enveniment le quotidien de la vie de bureau.
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